Recherche et développement

Nous soutenons et mettons en valeur des projets intégrant la réutilisation de matériaux dans la construction.
Ces initiatives concrètes permettent de tester des approches innovantes, d’identifier les freins et leviers, et de démontrer la faisabilité technique, économique et réglementaire du réemploi sur le terrain.

Chaque projet est une source précieuse d’apprentissage et d’inspiration pour accélérer la transition vers une construction plus circulaire.

Le projet Multivie porte sur l’étude du réemploi de halles métalliques situées dans le canton de Fribourg. Il poursuit un double objectif :

  • Évaluer la conformité des structures existantes au regard des normes SIA (actuelles : SIA 260–263 ; historisées : SIA 160–161, éd. 1956), à la fois pour leur état d’origine et dans différents scénarios de réutilisation;
  • Comparer ces options de réemploi à des solutions neuves de capacité équivalente, sous l’angle structurel, économique et environnemental (empreinte carbone).

L’analyse repose sur des relevés géométriques (dont numérisations 3D lorsque pertinent), des caractérisations matériaux (essais de traction) et des modélisations par éléments finis (SCIA Engineer, AxisVM, Abaqus), avec vérifications aux ELU/ELS (résistance en section, stabilité, déformations). Pour explorer un large spectre d’usages, des diagrammes d’interaction neige–vent–surcharges ont été établis afin d’identifier les domaines de réemploi possibles, avec ou sans renforcements localisés.

Une analyse de cycle de vie centrée sur le GWP (ISO 14040, SIA 390/1, SIA 2032 ; facteurs KBOB/Ecoinvent) complète l’évaluation. Le périmètre d’étude concerne en priorité la structure porteuse en acier (cadres, pannes, contreventements).

Les trois halles traitées – Polynorm, Pilettes et Villars – sont présentées ci-dessous au travers de posters illustrant une partie des résultats obtenus

La halle Polynorm illustre à la fois les forces et les limites des structures légères en tôles pliées. Conçue avec une grande sobriété matière, elle met en évidence le potentiel d’économie d’acier que recèle ce type de système. L’étude montre cependant que cette légèreté rend la structure plus sensible aux charges climatiques locales, notamment lorsqu’elle a été pensée à l’origine pour des contextes météorologiques moins sévères.
Les analyses numériques et les vérifications normatives indiquent que le réemploi est techniquement envisageable, à condition de limiter les surcharges et de prévoir des renforcements ciblés, bien positionnés pour assurer la stabilité et la sécurité d’ensemble.
Les posters associés présentent ces constats de manière visuelle, avec les domaines d’utilisation possibles identifiés grâce aux enveloppes neige–vent–surcharges.

L’analyse de la halle Villars démontre qu’un système statique pertinent peut être valorisé et prolongé grâce à des renforcements simples et localisés. Les vérifications montrent que des interventions limitées – notamment sur les bases de colonnes et certaines pannes critiques – suffisent pour élargir considérablement le champ des usages admissibles.
Ce cas confirme qu’un réemploi efficace ne nécessite pas forcément de lourdes transformations : une approche ciblée, combinant diagnostic fin et interventions proportionnées, permet d’atteindre un équilibre robuste entre sécurité, économie de matière et faisabilité pratique.
Les posters dédiés mettent en avant cette logique de “réemploi avec ajustements” et en cartographient les possibilités concrètes.

La halle Pilettes met en lumière l’importance d’une reconfiguration attentive du contreventement et d’une vérification détaillée des assemblages. L’étude révèle que, sans ajustements, la stabilité de la structure pourrait devenir le facteur limitant au réemploi. En revanche, des interventions ciblées – notamment sur le système de contreventement et certains détails constructifs – permettent de restaurer une marge de sécurité suffisante et de rendre réalistes différents scénarios de réutilisation.
Cette halle montre que le potentiel de réemploi ne réside pas seulement dans les sections et matériaux, mais aussi dans la capacité à repenser la logique de stabilité globale.
Les posters exposés illustrent ces enseignements, en mettant en évidence les points sensibles et les solutions de renforcement envisageables.

Deux analyses complémentaires viennent renforcer l’étude MultiVie. La première s’intéresse à l’empreinte carbone du réemploi, comparée à une construction neuve équivalente. Elle montre que la réutilisation de halles métalliques permet de réduire significativement les émissions de CO₂, à condition de maîtriser les flux de transport, les traitements de surface et les renforcements nécessaires.

La seconde évalue les aspects économiques : elle compare les coûts liés à la remise en état, au stockage, au transport et aux renforcements, avec ceux d’une construction neuve. Les résultats confirment que le réemploi est compétitif dès lors que les structures sont bien entretenues, que les interventions restent localisées et que la logistique est optimisée.

Ensemble, ces deux volets mettent en évidence que le réemploi, s’il requiert davantage d’ingénierie et de coordination, constitue une alternative viable et durable, à la fois sur le plan environnemental et sur le plan économique.